Ce n'est pas ma vie que je vais vous raconter, mais l'histoire d'un bonhomme dont la mère adoptive pourrait avoir nom GIRARD, et le père BENAIM.
La mère m'a pris â l'âge de 10 ans; le père â l'âge de 16. La mère assura mes premiers pas, le père m'enseigne encore.
Et voilà! ça a débuté un jeudi de novembre 1933, dans une grande famille appelée GROUPES LAÏQUES D'ÉTUDES D'ALGER d'où mon nom adoptif  "GLEA" .Il y aurait beaucoup à écrire là-dessus, mais demandez aux copains et à Ali Chérif, et vous verrez que je n'ai pas le temps. Pensez! j'ai trop d' occupations avec la famille en général, la Ligue en particulier, le Basket et mes enfants. Oui, mes enfants " Glea "! D'ailleurs, je veux vous les présenter, mes enfants!

jp.Derivière

    Et d' abord, mon aîné, celui qui me ressemble le plus Robert (1). Tiens! qui donc s'esclaffe ? Oui, il me ressemble! Il est grand, beau, intelligent et fait son professorat d'Educatlon physique à Bordeaux. Une chose me chiffonne, c'est  qu 'il a "l'assent" de Provence. Mais à son retour, je le rééduquerai. D' ailleurs, on a assez bricolé et, à son retour définitif, il va prendre ses frères en main... et ça va barder !

Ça va barder, parce que mon autre fils Jacques (2), il est grand bien sûr ! mais je crois qu 'on l'a trop poussé, et après son deuxième bac, ça a du lui faire mal à la tête. Aussi faudra-t-il le remonter. Pas l' allonger, non mais le reconstruire en quelque sorte, de façon que « lorsqu 'il s' en va, on ne croit pas qu 'il revient ». Je vous ferai remarquer que je n' ai pas dit qu 'il était gauche.

Et. puis, il y a mon Norbert (3) qui, comme le veut son métier de garnisseur, garnit actuellement l' armée à l'Arsenal. On est venu me raconter qu'il avait volé des grenades. Vous pensez comme c'est vrai! D'abord, je n'ai pas de jardin et puis cela serait que je ne planterai jamais de ces fruits là ! Bien sûr, il a une adorable fiancée, alors c'est douteux! . mais non, je ne crois pas non plus que ce soit elle qui les cache. En tout cas, il fait tout pour qu'on le mette dehors. Mais l'armée n'est pas si ingrate!

Mon Abderamane (4) lui, sait de qui tenir par sa hauteur; il m'a inquiété quelquefois pour sa santé, mais maintenant qu'il y a des toubibs dans la maison, je crois qu'on va l'étoffer, le remplir et sa place en équipe première ne sera plus celle de suppléant, mais bien de titulaire.

  Mon petit Louis (5) fait son régiment. Je ne vois pas de qui il tient, il est si petit. Dernièrement, chez le capitaine, il était convoqué, et à peine était-il entré, qu'avec ses yeux de fouine, il a remarqué qu'il y avait des épingles par terre. Aussi, depuis, il peint, chez le capitaine, il fait la salle d'honneur, et j'ai bien peur qu'il ne sache plus se servir du fusil. Enfin, il a le pinceau en main et çà, ça sert toujours. J'oubliais de vous dite qu'il est peintre de son métier.

Mon Robert n° 2 (6) est semblable au premier, mais sur un point seulement, à savoir que ce sont deux garçons. Celui-ci, au tempérament calme et naïf, (comme moi d'ailleurs!) assiste trop aux combats de boxe, si bien que quelquefois il confond Basket et Boxe.Vous me direz que ça commence par la même lettre! D'accord! que ça se pratique avec les mains! d'accord ! pour tenir un objet en cuir, encore d'accord! mais ce dernier objet se met sur le menton, tandis que l'autre se met dans un panier! Nuance..

Mon Jeannot (7) m'a quitté dernièrement. Il est marié et a un petit qui va être tout son grand-père. Pas moi, bien sûr! mais un grand Monsieur que l'on voit souvent à la piscine et qui a une toute petite voix. Philippe, c'est le nom de ce chérubin, est d'ailleurs le filleul de mon p'tit Louis. Donc mon Jeannot, vous disais-je, m'a quitté sur un malentendu, mais je suis certain, qu'il reviendra. Vous pensez! depuis de nombreuses années on est ensemble. On a connu bien des joies et hélas aussi, bien des peines, et ça! ça compte, même quand on devient un homme.

Et puis j'en ai d'autres qui ont quitté la famille ; d'autres qui restent en moi malgré tout, car je suis en eux. Ils auront beau courir de la terre à la lune, mais ils porteront en eux la marque  « Glea » Oui, qu'ils se réunissent une heure avec moi, mettons un matin à. 8h. et si, à midi on ne vient pas nous chercher je ne crois pas que le soir on aura fini de parler et d'être heureux ensemble.

Jean-Pierre (8), mon grand champion d'Athlétisme ainsi que du bon caractère, est au Maroc et doit avoir quelques pensées pour nous.

André (9) est en Allemagne, sous les drapeaux! Croyez-vous qu'en faisant du Basket, dans son corps, il ne pense pas un peu à ses anciennes couleurs .

Robert (10) le barbu a représenté plus qu'honorablement notre Alger dans le championnat de France de barreurs.

Et Riri (11) et Samy (12) Viennent-ils une fois à Alger sans passer nous dire bonjour ?
Charley (13), Zerdab, que leurs ambitions et leurs études ont écarté du sport, ne peuvent me voir sans me parler des « Glea».

Et pas un ne manque de s'arrêter, où qu'il se trouve, si dans un journal qu'il est en train de lire, les lettres GLEA sont imprimées. On y vient aux GLEA on s'en va des GLEA mais quand la frappe a marqué, on devient un « Glea» bon ou mauvais, on le reste! et là dessus, pas plus ceux qui sont restés dans ma famille que ceux qui n'y sont plus - (obligatoirement ou non) - ils sont tous bons!

Je ne peux terminer sans dire deux mots de mon chouchou. Il aimait le foot, mais ses parents, non! C'est dommage, car certainement il serait sélectionné et serait un des meilleurs éléments algérois. Il est venu aux Groupes, et j'en ai fait un fils Glea . Oui un fils Glea, car quand on a des qualités athlétiques telles que les siennes et avec l'esprit actuel des jeunes, on devient vite « roule ta bosse ». Lui, est resté fidèle et n'a pas l'esprit « roule ta bosse ». Il est Glea et pourtant ne croyez pas qu'il n'ait sa place que dans l'équipe première des Groupes non! n'importe où, en Basket, et croyez que la meilleure équipe nord africaine de Water polo voudrait bien l'entraîner pour avoir un bon atout, et qu'une équipe de Volley ne pourrait plus se passer de lui, si elle l'avait ! C'est un élément de première classe, quoique deuxième dans l'armée. J'en ai eu comme lui, mais lui, il me reste et je suis certain qu'il fera les beaux jours de ma famille. Je vous rappelle ce que j'ai écrit plus haut : " nous bricolons en ce moment mais l'aîné va rentrer et alors ça va barder" car Georgeot (14), mon chouchou, sera son bras droit, et le gauche, qu'on va redresser, sera là aussi, ainsi que tous les autres, qui sur le terrain, qui sur la touche, pour voir la famille Glea monter, et si vous croyez que c'est du bla bla bla, faites-moi confiance et dans quelque temps on en reparlera, et je vous dirai alors : "  Reportez-vous à GLEA n° 1 du mois de Janvier 1956 "

Totor  GLEA

1 LAURENS - 2 LAURENS - 3 ESCRIVA - 4 SELLALI - 5 PANSIER - 6 GAL - 7 CINCOTTO
- 8 DERIVIÈRE - 9 ZENOU - 10 STOCKLIN - 11 ANDRÉANI - 12 MERDJAN - 13 SANIGOU - 14 GIL

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